L’histoire de la photographie, à l’instar de l’histoire de l’art, est régulièrement parcourue d’événements inattendus qui la projettent soudainement sous les feux de l’actualité. L’annonce officielle, en 2008, de la redécouverte de la valise mexicaine de Robert Capa, dont la trace avait été perdue depuis 1939, a provoqué un engouement considérable dans l’univers du photoreportage et de la recherche historique.
L’existence de cette valise était connue ; Robert Capa l’avait mentionnée à plusieurs reprises dans ses écrits, et son frère, Cornell, fondateur de l’International Center of Photography (ICP), n’avait jamais cessé d’en poursuivre activement la recherche. Après plus de soixante-dix années de pérégrinations rocambolesques et de péripéties diverses, la “valise” (en fait, trois boîtes de rouleaux de pellicule, soigneusement classés) révélait son extraordinaire contenu : 4 500 négatifs d’images de la guerre civile espagnole, prises entre 1936 et 1939 par Gerda Taro – compagne de Capa tragiquement disparue en 1937 pendant la bataille de Brunete –, David Seymour dit Chim et Robert Capa. Une manne de documents, en très bon état de conservation et, pour une large part, totalement inédits, déployant le panorama détaillé d’un conflit qui a changé le cours de l’histoire européenne.
D’un exceptionnel intérêt documentaire, ces films et clichés racontent aussi l’histoire de trois célèbres photographes, totalement investis dans la cause républicaine et antifasciste, qui, au prix de risques considérables, ont jeté les bases de la photographie de guerre actuelle et donné ses lettres de noblesse au photoreportage engagé.
Dirigée par Cynthia Young, conservatrice des archives de Robert et Cornell Capa (ICP, New York), l’édition de La Valise mexicaine, sous forme d’un ouvrage en deux volumes, présente l’intégralité des films miraculeusement retrouvés ainsi que les documents d’époque (journaux, magazines, revues) qui permettent de restituer l’importance historique de cette somme iconographique.